Comment atteindre les objectifs de performance énergétique ?

Pour atteindre les objectifs de performance du parc de logements, il faut multiplier par 20 les rénovations globales.

Pour l’association Négawatt, cela impose de les encourager fortement et de cesser de subventionner les rénovations par gestes.

Rénover par geste ne mènent pas à la performance.

A horizon 2050, on le sait, l’enjeu est moins la performance des constructions neuves, nécessaire certes, mais pas suffisante. Il est avant tout nécessaire de réussir à rénover massivement les plusieurs millions de logements existants qui ne sont pas au niveau fixé par la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), à savoir le niveau A ou B du diagnostic de performance énergétique avant 2050.

Cet objectif d’un parc résidentiel peu énergivore ne sera atteint qu’en multipliant les rénovations globales et performantes. « Or, ce n’est pas du tout le cas », rappelle Thierry Rieser, du bureau d’études Enertech, membre de l’association Négawatt. En effet, des 700.000 rénovations annuelles enregistrées par l’administration dans le cadre de MaPrimeRénov’, seules 20.000 à 30.000 sont au niveau BBC Rénovation, qui garantit les classes A ou B de l’étiquette énergétique. Le reste concerne le plus souvent des rénovations mono-gestes.

« Il faudrait, pour atteindre l’objectif SNBC, que les 700.000 opérations soient des rénovations globales », expose Thierry Rieser. Cela correspond à une multiplication par 20 du rythme actuel. En effet, « les rénovations par geste ne mènent pas à la performance », même si in fine, on traite les six postes répertoriés : « on perd en effet jusqu’à 60% d’économie d’énergie en rénovant en trois fois plutôt qu’en une fois ». Au bout du compte, la rénovation par à-coups sera soit beaucoup plus coûteuse, soit beaucoup moins efficace, et probablement un peu des deux.

Pour l’association négawatt, des mesures radicales s’imposent. Le calendrier de l’interdiction de louer des passoires thermiques (progressivement en 2025, 2028 et 2034) est un marqueur positif. Mais il faut également réorienter les fonds publics vers la rénovation performante et « supprimer les subventions aux gestes ».

Dans le contexte actuel d’opération de rénovation très majoritairement mono-gestes, Négawatt alerte sur un « biais de survalorisation des pompes à chaleur ». En effet, explique Thierry Rieser, cette technologie est « très bien sur le papier mais dans de mauvaises conditions, ça ne se passe pas bien ». Ce problème intervient dans les cas où il y a « défaut de réglage » : « la demande d’eau très chaude rend la pompe à chaleur très consommatrice, et les habitants seront déçu par rapport à la promesse qui leur a été faite ».

En effet, la pompe à chaleur n’est efficace que pour fournir de l’eau peu chaude. C’est bien là le problème de la rénovation par étapes : « la pompe à chaleur sur une maison mal isolée ne va pas être efficace, et ensuite quand on isole, la pompe est trop puissante, et il faut la changer ». Et le ménage est deux fois perdant.

Partager