Retour d’expérience : rénover BBC*, c’est rentable ?

Retour d’expérience : rénover BBC*, c’est rentable ?

En Alsace, un programme nommé « Je rénove BBC » s’intéresse aux aspects socio-économiques. Si l’impact sur les consommations d’énergie et l’émission de carbone ont été maintes fois démontrées, quid de la question du retour sur investissement ?

Cette étude comprend l’enveloppe (murs, planchers, toiture, menuiseries), le remplacement des systèmes de ventilation-chauffage et enfin la maîtrise d’œuvre, le tout sur 120 opérations. Ainsi le coût moyen d’un chantier de rénovation est de 68.100 € HT, soit 465 € par m² de surface habitable dans le logement. Attention, les variations sont grandes d’une maison à l’autre et cette valeur est entachée d’un écart-type important de +/- 31.200 € (soit +/- 316 €/m²), eu égard aux variations importantes des problématiques rencontrées.

La rénovation de l’enveloppe représente seule quasiment trois quarts du coût global avec 71 % du montant, suivent le changement des systèmes de chauffage-ventilation avec 16 % et la maîtrise d’œuvre 13 %. En zoomant sur le premier poste de dépenses, la palme revient à l’isolation des murs extérieurs avec environ 29%, suivent l’isolation des toitures (20%), le remplacement des menuiseries (18%) et l’isolation du plancher bas (4%).

En moyenne, une isolation thermique par l’extérieur (ITE) reviendra à 108 € HT/m² posé, ce qui est plus qu’une isolation thermique par l’intérieur (ITI) à 71 € HT/m², même si l’on constate une forte variabilité des coûts.  Au niveau des toitures, l’isolation des rampants par l’extérieur présente un coût moyen de 193 € HT/m² posé, soit deux fois plus que leur isolation par l’intérieur (79 € HT/m²) et quatre fois plus que l’isolation du plancher haut (seulement 47 € HT/m²). Pour ces deux postes, les écarts sont dus au degré de complexité des travaux, mais aussi à la nature des matériaux. Sans surprise, la laine de verre est la moins-disante en intérieur alors que la fibre de bois est la plus onéreuse en extérieur. Pour les planchers bas, on passe de 43 € HT/m² posé en sous-face, tandis qu’il n’est que de 28 € HT/m² pour de l’isolation sous chape. Ici ce sont les isolants polyuréthane ou polystyrène les moins coûteux, ouate et laines minérales étant les plus chères. Quant au coût du remplacement des menuiseries, il variera de 557 € HT/m² de baie pour du double vitrage à 624 € HT/m² pour du triple (comparatif malgré tout peu pertinent au regard du nombre de dossiers). Sur le plan matériaux, le PVC s’avère légèrement moins cher que le bois : 541 € contre 611 € HT/m².

Concernant les systèmes, la ventilation simple flux hygro B à 1.513 € HT est plus économique que la ventilation à double flux, plus complexe, avec une moyenne de 5.666 € HT.

Pour les appareils de production de chauffage, le fait d’ajouter un mode « eau chaude sanitaire » porte le coût à 10.732 € HT contre 8.515 € HT sans. Là aussi, pas de surprise, les chaudières gaz à condensation sont bien plus compétitives que les pompes à chaleur eau/eau et air/eau, car deux fois moins onéreuses. En revanche quelque soit le type d’émetteurs (radiateurs, planchers chauffants ou mixtes), les coûts moyens observés sont proches les uns des autres, soit 7.200 € HT en moyenne.

Afin d’optimiser la réussite de telles opérations, le recours à une maîtrise d’œuvre s’avère nécessaire, principalement pour une meilleure conception et coordination. Le coût d’ingénierie est d’environ 8.700 € HT, soit 62 €/m². Là aussi est constaté un écart-type important (+/- 47 €/m²) qui s’explique par la non homogénéité des chantiers. Certains se cantonneront à l’enveloppe du bâti quand d’autres en profiteront pour modifier aussi l’aménagement existant et/ou agrandiront l’habitat. Toutefois, intrinsèquement les prix de maîtrise d’œuvre varient également. En moyenne, une étude thermique coûte 1.230 € HT. Le test d’étanchéité à l’air intermédiaire s’élève à 1.000 € HT, le final 600 € HT.

Suite à ce regard analytique sur les investissements se pose LA question : rentable ou non ?

La réponse est oui : « Selon les calculs réglementaires, les gains sur les factures énergétiques sont variables mais importants : médiane à 2.300 €/an (soit 190 €/mois) soit une division par trois. En pratique, la réduction de la facture énergétique constatée est plus faible, de l’ordre d’un facteur deux ». Il est notamment noté que les coûts d’entretien et de remplacement influent très peu sur le coût global. 75% des opérations deviennent bénéficiaires avant 30 ans, tandis que la médiane des temps de retour actualisés se situe aux alentours de 20 ans. Les rapporteurs ajoutent : « Le taux de rentabilité interne est élevé : environ 8-10 % ». De plus, la valeur intrinsèque des logements réhabilités est augmentée ; si on l’intègre « sur l’exemple étudié, une rentabilité des travaux dès la première année ». Une bonne nouvelle pour les propriétaires et pour les artisans.

 

*BBC : Bâtiment Basse Consommation

Source : http://www.batiactu.com/edito/jrbbc-renovations-energetiques-sont-elles-vraiment-51802.php?MD5email=73d37ebdaf457779df5f37b558599a6a&utm_source=&utm_medium=

Si vous voulez simuler l’impact économique de tels travaux : http://ecorenover.org

 

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