« De toutes les matières, c’est la ouate qu’elle préfère », m’a dit un jour ma toiture (oui elle est mélo-vanne). Le développement de son application est en forte croissance, en particulier pour les combles perdus, mais pour quelles raisons ? D’où vient ce matériau ? Pour quel emploi ? Quelles sont ses performances ? Vaut-il le coup, et à quel coût ?
La ouate de cellulose est fabriquée à partir de papier journal : chutes de fabrication du papier, rognures, journaux invendus, ou, pour certaines fabrications dites « blanches », à partir de coupes de papiers neufs d’imprimerie. Le papier est défibré et réduit en flocons, puis stabilisé par incorporation de divers agents de texture et ignifugeants, variables selon les fabricants : gypse, sel de bore, sels de sodium, de calcium, bauxite, phosphate d’ammonium, etc.
Ce n’est pas un matériau « nouveau », dans la mesure où il est utilisé depuis les années 30 au Canada, aux États-Unis et en Scandinavie, où plusieurs centaines de milliers de maisons et d’établissements publics ont été isolés avec. On le trouve par ailleurs dans des produits courants comme le papier hygiénique.
Pour isoler sa maison, il est en pratique possible de l’installer quasiment partout : sous la toiture en caissons, en rampant, dans les murs (intérieur comme extérieur) ou en cloison intérieure. Il n’y a que pour le plancher bas qu’on ne le trouve pas. Mais s’il y a une application pour laquelle c’est un très bon choix, c’est bien pour isoler des combles perdus, du fait notamment de son prix attractif comparable à celui des isolants conventionnels.
Sur le plan des performances techniques, la ouate n’a rien à envier à la concurrence, bien au contraire. En effet, concernant ce qu’on désigne par « thermique d’hiver », c’est-à-dire la résistance au froid, elle se situe au même niveau que la plupart des isolants avec une conductivité thermique d’environ 0.04 W/m.K. En revanche, elle est un excellent isolant sur le plan de la thermique d’été (tout comme la laine de bois), domaine où existent de fortes disparités entre les matériaux. A titre d’exemple, pour obtenir un bon déphasage thermique, soit 12 heures, 30 cm suffisent. Par ailleurs, c’est en plus un bon isolant acoustique adapté au bâti ancien du fait de ses qualités hygroscopiques. Elle est perméable à la vapeur d’eau. Capillaire, elle est capable de répartir l’eau de condensation sur une grande superficie et favorise ainsi le séchage des parois.
Etant données ces caractéristiques très intéressantes, la filière s’est bien développée jusqu’en 2010. Mais a connu un ralentissement en 2011 car un de ses adjuvants était pointé du doigt : le sel de bore. Ajouté pour garantir la résistance au feu et empêcher le développement de moisissures ou la venue de rongeurs, ce minéral est contesté sur le plan sanitaire.
La ouate de cellulose en contenant est alors retirée du marché français, le sel de bore étant reconnu comme produit toxique pour la reproduction. Le sel d’ammonium est choisi par quelques fabricant comme produit de remplacement. Plusieurs plaintes sont alors déposées concernant la ouate de cellulose dans cette version, en raison des vapeurs d’ammoniac dégagées par temps humide une fois l’isolant posé. Finalement, la commission de contrôle interdit l’utilisation du sel d’ammonium et autorise à nouveau le sel de bore…
Nocif en cas d’ingestion ou d’inhalation, ce dernier ne rentre qu’à hauteur de 5% maximum dans la composition de la ouate et par conséquent, conformément à la Directive européenne 2008/58/CE , celle-ci est désormais considérée comme étant non dangereuse !
Alors avec ça, ce serait un comble de ne pas isoler avec ce matériau !
- Pour en savoir plus, visionner cette vidéo pédagogique de Papy Claude
- Pour en savoir plus sur la toxicité du sel bore une étude de Santé Canada, ministère canadien de la santé.
- Pour en savoir plus sur la filière ouate de cellulose ECIMA.NET
- A lire également le retour d’expérience de l’Agence Qualité Construction sur la filière bio-sourcée