Vagues de chaleur estivales : climatisation indispensable ?
Avant de vous précipiter sur l’achat d’une climatisation et si vous faisiez le tour des alternatives proposées par l’ADEME pour améliorer votre confort d’été ?!
Découvrez les équipements adéquats, les postes prioritaires à isoler, comment végétaliser ? le géocooling, les puits climatiques.
Freiner l’installation des climatiseurs : pourquoi faire ?
Et enfin, comment choisir sa clim une fois toutes les autres solutions étudiées.
« Dans un contexte d’urgence climatique et de hausse des prix de l’énergie, limiter ses consommations d’électricité est essentiel et une climatisation consomme beaucoup plus d’énergie qu’on ne le croit. Si de plus en plus de foyers français s’équipent en climatiseurs, cela pourrait générer des pics de consommation en été, et donc des risques de pénurie d’électricité. (…) Des solutions alternatives existent. Au-delà des simples comportements de « bon sens » comme fermer les volets et fenêtres en journée, aérer au bon moment, brasser l’air efficacement… il est possible de mieux protéger son logement de la chaleur, en installant des protections solaires, en engageant des travaux de rénovation, en végétalisant les alentours de la maison… » (…)
Selon Météo France, si nous n’agissons pas maintenant, la fréquence des canicules doublera d’ici à 2050 et elles seront quasi permanentes en été d’ici la fin du siècle. La France subira alors 5 à 10 fois plus de jours de vagues de chaleur, qui pourront durer d’un à deux mois en continu. Alors, investir dans un climatiseur, est-ce la seule solution ?
Au 1er janvier 2023, 17,8 % des logements en France étaient des passoires thermiques, c’est-à-dire classés F ou moins. En parallèle, 25 % des ménages en France disposent déjà de « solutions actives » de rafraîchissement, comme la climatisation.
Ce sera « Chaud devant »
« Les conditions climatiques vont considérablement se durcir dans les années qui viennent » explique Hakim Hamadou, Expert à l’ADEME Auvergne-Rhône-Alpes / Service Bâtiment et co-auteur de l’avis de l’ADEME sur le confort d’été. Refroidir les bâtiments sera donc indispensable. Mais avant cela, il est nécessaire d’anticiper dès maintenant l’adaptation du bâti afin de retarder l’usage de solutions actives de refroidissement (dont fait partie la climatisation) tout en maîtrisant mieux la consommation d’électricité de ces systèmes.
Comment retarder l’usage de la climatisation ?
À court terme, il est nécessaire de mettre en place ce qui peut être fait tout de suite ou assez rapidement. « Cela peut être l’installation et le bon usage des protections solaires extérieures, l’ouverture des ouvrants la nuit dès que la température redescend, les gestes efficaces au quotidien… » selon Hakim Hamadou. À moyen terme, il y a les « mesures d’adaptation plus lourdes », dont le plus gros chantier est celui de la rénovation énergétique des bâtiments. Il faut intégrer le « confort d’été » dans la rénovation. Il faut repenser la conception des bâtiments pour s’adapter au climat et à la chaleur de demain . Après les « passoires thermiques » difficiles à chauffer, il y a les « bouilloires thermiques » impossible à rafraîchir en été. Elles pourraient renforcer la précarité énergétique de certains ménages si l’unique réponse est la climatisation.
Les clés : protéger, isoler et ventiler
Pour vivre au frais, vivons cachés ? « Les protections solaires extérieures doivent permettre de doser l’apport de lumière nécessaire sans vivre dans le noir en journée, tout en faisant circuler l’air plus frais la nuit. Elles devront aussi empêcher les risques d’intrusion ou ceux liés aux intempéries, moustiques… » indique Hakim Hamadou. Ces protections solaires (volets, brise-soleils orientables ou non, stores, jalousies, etc.) efficaces avec un rôle multiple sont en vente sur le marché.
En matière d’isolation, il est recommandé d’isoler les murs par l’extérieur car cela permet de stocker la chaleur en hiver et mobiliser cette inertie pour rafraîchir en été. « On peut également retrouver de l’inertie par les planchers ou les cloisonnements intérieurs » précise Hakim Hamadou.
« Le niveau de confort n’est amélioré par l’isolation qu’en présence d’aération nocturne pour évacuer la chaleur emmagasinée dans la journée. Sinon le confort est dégradé, c’est l’effet « bouteille thermos ». La meilleure solution est de s’appuyer sur la ventilation naturelle, c’est-à-dire d’ouvrir sur les ouvrants sur les deux façades opposées afin de faire circuler des débits d’air frais important la nuit ». C’est une solution qui fonctionne très bien hors canicule pour des logements ou bâtiments traversants. Pour aller plus loin, il faut opter pour les brasseurs d’air et ventilateurs plafonniers qui constituent des apports supplémentaires efficaces, avec un « cooling effect » (effet rafraîchissement) pouvant aller jusqu’à -2 ou -3° !
En cas de canicule : 3 technologies utiles
Les épisodes de chaleur sans vent limitent l’effet des brasseurs d’air. Il faut alors apporter du froid.
- La géothermie de surface, solution de chauffage en hiver avec des pompes à chaleur (PAC), offre aussi la possibilité d’utiliser le géocooling qui est une technologie très intéressante. La température du sol est utilisée pour rafraîchir un bâtiment en été. Lorsqu’il fait chaud et que le sol est à 10° en profondeur, c’est très utile !
- Autre solution, le « froid évaporatif » qui utilise l’évaporation de l’eau afin de refroidir l’air ambiant. C’est la fameuse « technique de grand-mère » avec le chiffon mouillé sur le ventilateur, qui est ici reprise et développée dans des équipements appelés « refroidisseurs par évaporation ».
- Enfin, les puits canadiens ou provençal, exploitent la fraîcheur du sol pour refroidir l’air insufflé dans le bâtiment, en le faisant préalablement passer dans un conduit enterré à 1,5 à 2 m de profondeur dans le sol.
« Ces trois technologies fonctionnent sur des bâtiments bien isolés avec de faibles besoins en froid, mais ne seront pas suffisantes sur une passoire thermique et/ou des immeubles mal conçus pour le confort d’été par exemple » précise Hakim Hamadou.
La climatisation en dernier recours
La climatisation « air-air » est une solution à étudier avec précaution. C’est un achat qui s’anticipe. « Il faut éviter les climatisations mobiles qui font sortir l’air chaud dans une gaine par la fenêtre entrebâillée, car elles sont très consommatrices en énergie et peu efficaces » indique Hakim Hamadou. Si un équipement de climatisation est indispensable, mieux vaut leur préférer les équipements fixes (split-système). Cependant, ceux-ci fonctionnent sur l’air extérieur, ce qui a pour effet d’aggraver l’îlot de chaleur, surtout en ville. C’est une solution de dernier recours. « Si tout le monde s’équipe d’une climatisation en ville et la règle à 23°C, on augmente de 2 à 3,6° la température de l’air extérieur d’ici 2030 » précise Hakim Hamadou[1]. Bien choisir sa clim, c’est dans tous les cas regarder l’étiquette énergie. Le guide Topten est très pratique pour choisir les équipements A+++ ! Une fois la clim installée, la maîtrise de la consigne de température de l’équipement est fondamentale. « Il est conseillé de régler la température de consigne de la clim à plus de 26°C. Cela divise entre 2,5 et plus de 4 la consommation énergétique selon la localisation, ce qui allège considérablement la facture ».
Quelle énergie choisir pour alimenter sa clim ?
« Il faudrait alimenter ses équipements avec de l’énergie photovoltaïque, en les faisant fonctionner pendant les heures de la journée où le pic de production solaire est en phase avec celui de la demande de climatisation ». Cela permettrait de réduire les coûts tout en participant à la sécurité de l’approvisionnement du réseau électrique, selon RTE. D’autant plus que la production solaire est peu sensible aux impacts du changement climatique. On pourrait donc alimenter un système de rafraîchissement actif en plein pic de chaleur grâce au solaire photovoltaïque » conclut Hakim Hamadou.
En matière de rafraîchissement en été, il n’existe pas de solution miracle. Mais allier les gestes utiles à l’adaptation du bâti et aux technologies les plus efficaces, devrait nous permettre de profiter des prochains étés avec plus de tranquillité.
[1] Source : étude du CIRED pour Paris et l’Ile-de-France
> A retenir : « Face aux vagues de chaleur, on protège, on isole et on ventile »
Découvrir les deux guides de l’Ademe « Comment garder son logement au frais tout l’été » et « Vagues de chaleur : la climatisation va-t-elle devenir indispensable ? »
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