Selon les organisations de «l’Affaire du Siècle» (Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France), en 2 mois et 5 jours, la France a émis la totalité des gaz à effet de serre qu’elle pourrait émettre en un an si elle respectait son objectif de neutralité carbone. En conséquence, tout ce que la France émet depuis le 5 mars accélère le dérèglement climatique.
La neutralité carbone est l’objectif que la France s’est fixée pour 2050 dans la loi énergie-climat de 2019, conformément à l’Accord de Paris. La feuille de route climatique à long terme de la France, appelée «Stratégie nationale bas carbone», précise qu’en 2050, les émissions de gaz à effet de serre ne pourront pas dépasser 80 millions de tonnes de CO2 par an. C’est à ce niveau que se situeront, selon l’État, les capacités maximales d’absorption du CO2 par notre biosphère (forêts, prairies, océans).
Pour les organisations de l’Affaire du Siècle, il est temps que l’État regarde les choses en face :
«Le fait que le Jour du dérèglement intervienne dès le 5 mars acte sans ambigüité le grand retard climatique de l’État français. Nos émissions de gaz à effet de serre sont bien trop importantes au regard des capacités d’absorption de la planète et chaque jour qui passe aggrave notre impact climatique. Cette date doit reculer au plus vite mais cela exige des mesures ambitieuses et coordonnées.»
Objectif : reculer la date au 31 décembre
L’Affaire du Siècle se mobilise pour obliger l’État à tracer dès maintenant la voie de la neutralité carbone, pour qu’en 2050, le jour du dérèglement tombe un 31 décembre.
Selon ces calculs, le Jour du dérèglement a eu lieu le 3 mars en 2017, soit un gain de seulement deux jours en trois ans. « Si l’on continue à ce rythme, la France n’atteindra pas la neutralité carbone en 2050 mais… en 2085 », souligne l’Affaire du Siècle qui réclame des « mesures ambitieuses et coordonnées » de l’État français. « Il nous reste moins d’une génération – 30 ans – pour faire reculer le jour du dérèglement », ajoute-t-elle.
Le calcul a été effectué par le cabinet de conseil indépendant Carbone 4. Une estimation des émissions de 2020 a été réalisée en appliquant aux émissions de 2017 le taux moyen de baisse annuelle sur la période 2011-2017 (dernière année pour laquelle des données officielles corrigées des variations climatiques sont disponibles). La limite d’émissions annuelles choisie pour la neutralité carbone est celle que l’Etat lui-même s’est fixé dans la loi et la Stratégie nationale bas carbone : maximum 80MtCO2e, qui correspond aux capacités prévues d’absorption du carbone en France pendant un an en 2050. Cela exclut les émissions liées au transport maritime et aérien ainsi que les émissions dites “importées”.
Il est notamment urgent d’agir fortement à l’instar des mesures de confinement, en effet la tâche est se complique avec le temps d’inaction. Par exemple, cet hiver (décembre-février) a connu un excédent de température de 3,4°C, constaté par le service européen Copernicus, par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. Il s’agit de l’hiver le plus chaud jamais enregistré en Europe. La température a été supérieure de 1,4 °C à celle du record précédent qui datait de l’hiver 2015-2016.
Mais nous pouvons espérer que le confinement lié au COVID-19, qui s’avère avoir bloqué une grande partie de l’économie et donc réduits les gaz à effet de serre de manière flagrante, permette à la planète de respirer un peu mieux pendant quelques temps… A suivre de près…