C’est l’une des surprises de la période de confinement que subit la France depuis plus d’un mois. Les ménages français ne consomment pas plus de gaz ou d’électricité qu’en temps normal pour se chauffer, alors qu’une grande majorité est cloîtrée à domicile 7j/7 et h 24.
« La consommation de gaz a reculé de 7 % pour les « petits compteurs » depuis le début du confinement, mais c’est le fait des commerces, bureaux et restaurants fermés« , explique Edouard Sauvage, directeur général du réseau de distribution GRDF . « Pour les particuliers, les volumes sont à peu près stables, à données climatiques comparables« .
« Des leviers de réduction »
La ministre de la Transition écologique a avancé une explication la semaine dernière. « On constate que la consommation de gaz n’a quasiment pas augmenté et que la consommation électrique n’a augmenté que de quelques pourcents » a déclaré Elisabeth Borne devant la commission des Affaires économiques du Sénat. Cela signifie qu’en temps normal, le chauffage fonctionne y compris lorsque les habitants ne sont pas à leur domicile. Preuve qu’il existe des leviers de réduction de ces consommations« . Autrement dit, les factures pourraient être allégées si les logements étaient mieux isolés (plus besoin de chauffer autant quand on est absent pendant la journée), ou si les outils de pilotage (thermostats, régulation de la température à distance) étaient plus utilisés. A moins que ce ne soit le comportement au quotidien…
Regroupements familiaux
Dans l’électricité, certains petits fournisseurs ont fait le même constat. « Alors qu’on aurait pu s’attendre à une forte hausse des consommations domestiques de l’électricité, on assiste plutôt à une diminution globale : environ 11 % en moins entre la première semaine de mars (avant le confinement) et la dernière semaine de mars (pendant le confinement), semaines qui ont eu des températures comparables« , explique le site Wivaldy qui a passé au crible les consommations des 10 000 abonnés à son service d’optimisation de factures d’électricité.
En cause, selon ce site spécialisé, l’exode des Parisiens vers leurs maisons de campagne et les regroupements familiaux qui ont précédé la mise en place du confinement. « On compte 27 % de foyers qui ont diminué leur consommation de 20 % ou plus entre début et fin mars (à températures équivalentes). On peut supposer que ce sont des utilisateurs qui ont quitté leur résidence principale. A l’inverse, on observe qu’environ 5 % des foyers ont augmenté leur consommation de plus de 60 %, signe d’une probable arrivée dans le logement« , détaille encore l’étude de Wivaldy.
« Cette baisse de consommation ne veut pas dire qu’au niveau national, les ménages confinés consomment moins, nous avons surtout des résidences principales dans notre échantillon« , tempère Norida Chin, cofondatrice de Wivaldy.
Plus de wi-fi, moins de 4G
A l’échelle nationale, RTE – le Réseau de Transport d’Electricité haute tension -, anticipe en revanche une légère hausse de la consommation domestique. « Ce phénomène est prévu par les modèles et semble confirmé par les premières données disponibles« . Contrairement aux idées reçues, l’usage d’Internet à la maison avec le télétravail ne serait pas responsable de cette surconsommation. « La majorité des salariés en télétravail utilisent le wi-fi, qui consomme peu, et l’utilisation de la 4G – beaucoup plus énergivore – est rester limitée« , estime RTE, qui rappelle par ailleurs que les plateformes de vidéos à la demande ont rapidement réduit la qualité de leurs vidéos et donc les débits associés.
Pour les ménages, c’est donc surtout l’usage des « appareils de cuisson » à l’heure du déjeuner qui devrait peser dans les factures d’électricité, en mars, en avril et désormais aussi début mai.