DANS LE « MONDE D’APRÈS », TOUT PARTIRA DU VÉLO ?

Aujourd’hui, plus de la moitié des déplacements des français font moins de 5 kilomètres. Pourtant, la voiture reste le moyen privilégié sur ces trajets courts, environ 2 tiers pour ceux inférieurs à 2 kilomètres. Aussi, il apparait que le potentiel de transfert est ici le plus important.

En France, à peine 5 % des personnes de plus de 15 ans font du vélo quotidiennement (contre plus du tiers dans les pays scandinaves). L’usage est surtout très différent selon les zones urbaines ou rurales. En effet, la majorité se situe dans les grands centres villes, inversant la tendance du siècle dernier.
Le taux d’équipement est pourtant satisfaisant, mais un quart de celui-ci n’est pas du tout utilisé, lié à une culture où la bicyclette est vue comme un loisir avant tout. Oui les Français ont toujours aimé le vélo, comme le démontre la foule et les audiences du tour de France depuis tant d’années.

Cependant, les choses pourraient évoluer car les ventes de vélos à assistance électrique sont importantes passant de près de 102 000 unités en 2015 à 338 000 en 2018, soit près de 13 % de l’ensemble des vélos vendus cette année-là aux particuliers.

Ainsi, le vélo à assistance électrique pourrait modifier l’usage décrit ci-dessus. Il est qualifié par l’Ademe comme «un outil majeur pour réduire les fractures sociales et territoriales» sachant qu’il «touche prioritairement les territoires où la pratique du vélo est la plus faible, s’utilise avec une fréquence de pratique et sur des distances de déplacement beaucoup plus importantes qu’un vélo classique et touche principalement des Français plus âgés qui ne faisaient plus de vélo et des femmes».

Il est vu comme plus rassurant, sur le plan des dangers liés à la circulation comme sur le plan physique. Les craintes des voitures qui pressent et les fortes montées en côtes sont atténuées. De ce fait, les distances parcourues avec cette version sont plus longues et par conséquent, permettent un vrai report modal. C’est d’autant plus rassurant que ce sont surtout les gens qui roulaient en voiture qui franchissent le cap, les habitués de la pratique du vélo ressentant moins les mêmes besoins.

Un plan « Vélo et mobilités actives », était apparu en septembre 2018, fixant notamment pour objectif de tripler la part modale du vélo en France, sans grand succès. Cependant, la donne pourrait changer dans le « monde d’après ». Dans le contexte du déconfinement, le ministère de la Transition écologique et solidaire a annoncé un plan de 20 millions d’euros qui prévoit entre autres un « coup de pouce réparation vélo » et le financement de formations pour apprendre ou réapprendre à rouler à vélo. Des pistes cyclables temporaires sont par ailleurs mises en place.

En pérennisant certaines de ces mesures et selon les résultats des élections municipales, atteindre l’objectif de 9 % de part modale du vélo en France en 2024 pourrait devenir possible. En effet, ce sont d’abord les aménagements qui rendent l’usage du vélo plus incitatif, ou plutôt moins craintif.

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