80 km/h : ça roule pour l’environnement ?

La réduction de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires : une bonne mesure du point de vue écologique ?

La France connaît toujours des difficultés pour atteindre ses objectifs fixés lors de la COP21 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment dans le domaine des transports.

Depuis le 1er juillet, les automobilistes doivent rouler à 80 km/h sur les routes secondaires au lieu de 90 km/h jusqu’alors. De nombreux concitoyens s’y opposent, et restent dubitatifs sur la question de la mortalité, les effets réels de cette mesure étant plus que débattus encore à l’heure actuelle.

Cela étant, qu’en est-il de l’impact de cette mesure sur le plan environnemental ?

Avant tout, désarçonnons l’argument selon lequel cette loi engendrerait du temps supplémentaire sur les trajets et où bon nombre de personnes ont la conviction qu’il va se rallonger intensément.

En France, la distance moyenne domicile/lieu de travail est de 25,9 km. Un trajet de 26 km est parcouru en 17 minutes à la vitesse de 90 km/h. A 80 km/h il nécessitera 20 minutes. 3 minutes de plus, pas de quoi polémiquer non ?
Evidemment, plus le trajet s’allonge et plus l’écart est important. En théorie, il faudrait ajouter 8 minutes sur un parcours de 100 km. Mais où trouver une route départementale rectiligne qui ne traverse aucune agglomération, lieu-dit ou village ?

La circulation routière représente aujourd’hui, en France, 57 % de la pollution aux oxydes d’azote (NOx) et jusqu’à 30 % de la pollution aux particules fines (PM 2,5 et PM 10 réunies) selon les chiffres du Centre Interprofessionnel Technique d’Etude de la Pollution Atmosphérique (CITEPA).

OUI, cette réduction aura un impact favorable sur l’environnement. Selon les estimations d’EcoAct, société qui aide les entreprises à se décarboner, rouler à 80 km/h permettrait une économie de 1 million de tonnes de CO2 par an, soit 100 000 tours de la Terre en voiture, ou 600 000 allers-retours Paris-New York pour un passager en avion.

Les détracteurs se tournent alors sur la production d’autres polluants qui eux peuvent s’amplifier. En effet, au-dessus de 70 km/h, les réductions de vitesse ont un effet plutôt positif sur les émissions de particules et d’oxydes d’azote. En dessous de 70 km/h, cet effet est plutôt négatif.

En pratique, la situation est plus complexe puisqu’il faut tenir compte de l’effet de la limitation de vitesse sur la congestion. Le passage de 80 à 70 km/h d’une voie encombrée va dans le bon sens pour la qualité de l’air car il favorise la fluidité du trafic. La réalité du terrain montre en outre qu’on ne roule pas de manière constante, que ce soit à 80 ou 90 km/h, il ne faut dont pas confondre vitesse moyenne et moyenne de vitesse !

En l’occurrence, cette mesure peut permettre de fluidifier la circulation et donc d’atténuer les phénomènes de freinage/ré-accélération. Le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) estime que cette mesure permettra de réduire les bouchons, et, en conséquence, des émissions de particules. Au global, l’ADEME table sur une réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre.

De plus, ce gain environnemental s’accompagne d’un gain économique. La réduction des bouchons entraîne une réduction de carburant. Le CGDD estime à 32 millions d’euros le montant des économies dans ce domaine. Si EcoAct calcule une économie de 30 euros par an par automobiliste, la sécurité routière envisage une réduction de 120 euros.

Le gouvernement a toutefois annoncé que cette mesure ferait l’objet d’une évaluation en 2020. Mais les observateurs assurent qu’un rétropédalage en la matière coûterait cher à la fois politiquement et économiquement.

Toujours est-il qu’Il existe en outre d’autres moyens de déplacement collectifs ou individuels plus économiques et écologiques…

Pour aller plus loin (avec un moteur de recherche non thermique)

https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/adm00013623_synthese_etude-limitation-de-vitesse_fev2014.pdf

https://www.citepa.org/fr/

https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/commissariat-general-au-developpement-durable-cgdd

https://eco-act.com/fr/

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